Journée régionale « Intervention précoce »

Repérer et prendre en charge les troubles psychiques débutants

Tra­vailler dans le champ de l’intervention pré­coce, c’est chan­ger de pers­pec­tive. C’est envi­sa­ger les troubles men­taux comme des tra­jec­toires symp­to­ma­tiques lon­gi­tu­di­nales sur les­quelles on peut agir avant qu’elles ne se figent en enti­tés noso­gra­phies caté­go­rielles, au risque de la récur­rence, de la résis­tance, de la chro­ni­ci­té, du han­di­cap psy­chique. C’est envi­sa­ger un exer­cice pro­fes­sion­nel auto­nome, adap­ta­tif, pro­mo­teur d’un « opti­misme réa­liste » cen­tré sur la notion de réta­blis­se­ment et être capable de se réin­ven­ter quo­ti­dien­ne­ment. La ques­tion des psy­choses émer­gentes qui contient celle de la tran­si­tion psy­cho­tique et celle de la pré­ven­tion chez les patients à ultra-haut risque de psy­chose sus­cite un inté­rêt crois­sant dans la com­mu­nau­té scien­ti­fique parce qu’elle per­met de faire émer­ger la pers­pec­tive d’une amé­lio­ra­tion pro­nos­tique signi­fi­ca­tive si un dépis­tage et des soins pré­coces et inten­sifs sont mis en place. Bien au-delà des limites fixées par le cadre, les grilles et les champs pro­fes­sion­nels tra­di­tion­nel­le­ment ren­con­trés dans les équipes de psy­chia­trie, il est frap­pant de consta­ter à quel point le métier de « case-mana­ger » qui n’existe pas au sens admi­nis­tra­tif du terme est géné­ra­teur d’enthousiasme chez les pro­fes­sion­nels et d’efficience dans les soins pro­di­gués aux usa­gers et à leurs familles.

Pour­tant, mal­gré les résul­tats convain­cants des pro­grammes pion­niers d’intervention pré­coce déployés en Aus­tra­lie, où ils sont nés, en Amé­rique du Nord et en Europe, les dif­fi­cul­tés à l’implantation de nou­velles équipes demeurent, avec des freins mul­tiples qui dépendent du contexte local, régio­nal ou natio­nal. Nous sou­hai­tons au cours de cette jour­née mettre en avant les moda­li­tés pra­tiques de levée de ces freins, sou­li­gner l’importance de l’ « aller-vers » et d’un accès aux soins adap­té aux spé­ci­fi­ci­tés de notre ter­ri­toire. En Occi­ta­nie, plu­sieurs équipes spé­cia­li­sées dans l’intervention pré­coce ont vu récem­ment le jour. Cette approche, cen­trée sur le réta­blis­se­ment et les soins com­mu­nau­taires, plaide pour une refon­da­tion véri­table de l’organisation des soins en psy­chia­trie, ins­pi­rées de cer­taines expé­riences aus­tra­liennes, cana­diennes, suisses ou fin­lan­daises. Elle semble plus effi­ciente et ver­tueuse sur le plan médi­co-éco­no­mique que les modèles hos­pi­ta­lo-cen­trés. Elle per­met, nous l’avons consta­té, la mobi­li­sa­tion des éner­gies et des enthou­siasmes. Le réta­blis­se­ment, objec­tif par­ta­gé par les jeunes usa­gers et les pro­fes­sion­nels de l’intervention pré­coce, s’élève alors, pour ces deux caté­go­ries, au rang de « défi exis­ten­tiel ». Nous sou­hai­tons, au cours de cette jour­née, mettre en avant les avan­cées consta­tées et favo­ri­ser le rayon­ne­ment régio­nal de cette manière ori­gi­nale et assez nou­velle de pen­ser les pra­tiques de soin.